En cette période d'épidémie de coronavirus, ceux qui travaillent à l'extérieur ont parfois la boule au ventre et ceux qui travaillent chez eux peuvent manquer de lien social. Des terrains propices aux pratiques addictives. Alexis Peschard, addictologue, donne des conseils aux employeurs.
► Alexis Peschard est addictologue et président de GAE Conseil, cabinet spécialisé en prévention des conduites addictives en milieux professionnels. En cette période de crise, il s'apprête à proposer un numéro vert de consultation juridique, accompagnement des managers et téléconsultation (en partenariat avec un cabinet d'avocat). Il animera avec l'avocate Jamila El Berry un webinar sur les pratiques addictives en situation de confinement les 30 et 31 mars 2020, en partenariat avec Elegia (organisme de formation appartenant au même groupe que les Editions Législatives, éditeur d'ActuEL HSE). |
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Alexis Peschard : Le risque d'addiction concerne tout le monde. D'abord, la situation que nous vivons provoque anxiété, stress et inquiétude pour un certain nombre de salariés. Pour le cas précis de ceux qui télétravaillent, assurer l'école à la maison ou surveiller les enfants peut aussi être un facteur de stress.
L'ennui et l'absence de lien social sont deux facteurs de risque très importants. En ce moment les télétravailleurs – parce que le télétravail est imposé tous les jours de la semaine – sont exposés à cause du manque de lien social. C'est aussi le cas pour les personnes en chômage partiel, qui en plus n'ont plus d'activité professionnelle. Or, les statistiques montrent que les personnes qui n'ont pas d'activité ont davantage de pratiques addictives.
Les personnes toujours en activité à l'extérieur (soignants, personnels des transports, de la logistique, de l'agroalimentaire, de la distribution…) travaillent en état de stress et d'inquiétude d'être contaminées par le virus et de le transmettre à leur entourage. En plus, parfois, elles travaillent en sous-effectif. Elles sont donc aussi concernées.
Enfin, il y a aussi un risque chez les personnes dépendantes. On l'a malheureusement vu la semaine dernière : beaucoup rechutent (70 % des patients que l'on suit, pour le moment). Il y a aussi un problème pour les personnes qui consomment des substances illicites et qui ont du mal à se fournir (les frontières sont fermées donc les substances ne sont pas acheminées et les dealers sortent moins).
Alexis Peschard : Les entreprises ont toujours leur obligation de sécurité de résultat, y compris quand les salariés sont en télétravail. En cas de chômage partiel, l'obligation de sécurité ne s'applique pas parce que le contrat de travail est suspendu, mais un employeur bienveillant peut quand même être proactif en terme de prévention. La question de la prévention des pratiques addictives a été mise en suspens la semaine dernière, les risques n'ont pas encore été identifiés, mais j'en appelle maintenant à la mobilisation des entreprises : il y a un risque sanitaire pour les salariés et un risque juridique pour elles.
Alexis Peschard : Il faut mettre en place des pratiques saines de télétravail, avec des pratiques managériales bienveillantes, alors même que certaines entreprises ne s'étaient pas préparées à la mise en œuvre du télétravail. Nous conseillons par exemple de faire des points réguliers avec les équipes. Les visioconférences sont aussi à encourager, plus que les simples appels.
Même à distance on peut être vigilant. Il faut faire attention aux signaux faibles. On peut citer les signes en plus (un salarié survolté ou excité) et les signes en moins (un salarié en retrait, moins présent, moins joyeux, qui adopte des comportements d'évitement…).
Le manager peut donner quelques conseils pour continuer à adopter des comportements sains à la maison.
► Lire aussi : Médecins et sociologues se creusent les méninges sur le lien entre addiction et organisation du travail |
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